Pandémie A Coronavirus (COVID-19), Quel Avenir Pour L’éducation Au Cameroun ?


Introduction

Afin décembre 2019, les autorités de Santé Publique chinoises ont signalé plusieurs cas de syndrome respiratoire aigu dans la ville de Wuhan, province du Hubei en Chine. Les scientifiques chinois ont rapidement identifié un nouveau coronavirus comme principal agent causal[1]. Il s’agit d’une nouvelle souche de coronavirus qui n’a pas été identifiée auparavant chez l’homme.  Le virus responsable est appelé coronavirus du syndrome respiratoire aigu sévère 2 (SARS-CoV-2)[2].

Depuis janvier 2020, l’épidémie de coronavirus s’est propagée dans plusieurs autres pays à travers le monde, avec des flambées et grappes de la maladie observées en Asie, en Europe, en Australie, en Amérique et en Afrique dont le Cameroun, avant d’être déclarée pandémie le 11 mars 2020 par l’Organisation Mondiale de la Santé[3].

Depuis lors, le cœur de la planète bat au rythme du COVID-19. La propagation rapide de la pandémie a entrainé des bouleversements majeurs, mettant de nombreux secteurs de la vie  à rude épreuve, avec pour conséquence immédiate : plus rien ne fonctionne comme avant, tout ou presque, tourne au ralenti, soit, contraint à l’arrêt. Dans plusieurs pays du monde dont les 53 officiellement touchés par la pandémie sur le continent africain[4] parmi lesquels le Cameroun, le COVID-19 portera inévitablement, mais alors fatalement un sérieux coup au secteur de l’éducation. Le Cameroun qui est ici notre cadre d’étude n’en serait pas à l’abri et certains indicateurs semblent déjà signaler des feux de détresse.

Afin de tenter d’y faire face, de nombreux pays ont adopté des mesures restrictives allant de la fermeture des frontières au confinement total ou partiel des populations. Ainsi, tout comme la plupart des gouvernements du monde, le Cameroun a temporairement fermé depuis le 18 mars 2020 sur l’étendue de son territoire[5], les établissements d’enseignement primaire, secondaire et universitaire afin de contenir la propagation de la pandémie Covid-19.

Malgré la batterie de mesures drastiques prises par les Etats à travers le monde pour combattre « l’ennemi » invisible, dont en l’occurrence, les 13 mesures édictées par le gouvernement camerounais[6], le virus a mortellement poursuivi sa marge de progression, avec aujourd’hui plus de 270 mille tués dans le monde selon un comptage de l’AFP[7] cité par France 24[8] dans son crawl du 9 mai 2020. Nul doute qu’un secteur aussi sensible et délicat comme celui de l’éducation risque d’en pâtir durablement si rien n’est fait. Notre analyse nous conduira à poser un regard panoramique sur une pédale à quatre détentes à savoir l’impact généré par le Covid-19 d’abord, sur la pédagogie, ensuite, sur le contenu de la formation, le budget, et enfin, sur  l’organisation et le fonctionnement même de l’école.

Cadre Pédagogique de l’impact

L’impact pédagogique ici renvoie aux contraintes associées à la modification du mode d’enseignement habituel ou traditionnel. Les enseignements imposent des mécanismes de formation à distance. Celle-ci a un coût plus élevé que la formation en présentiel dans la mesure où elle (formation à distance) intègre des approches personnalisées. Exemple, pour une classe de 24 élèves, en présentiel l’enseignant s’adresse aux 24 simultanément, et chacun peut poser une question les 24 étant présents, or dans le cadre de la formation à distance, chacun des 24 posera sa question de manière personnalisée et la réponse de l’enseignement se fera de manière personnalisée. Ce qui inévitablement, augmente la charge de travail de l’enseignant, et là, qui dit augmentation des charges dit augmentation des coûts. Ceci impose donc que les enseignants soient formés différemment[9], que le surcroît de travail soit envisagé en termes de paiement (la contrepartie du travail étant la rémunération), que les auxiliaires pédagogiques fassent l’objet d’acquisition.

Les recommandations à formuler ici seraient principalement d’améliorer le cadre de travail et la rémunération des enseignants car le mécanisme coûte plus cher aux formateurs et leur demande un surcroît de travail dans la mesure où il leur faut disposer des auxiliaires pédagogiques adaptées puisqu’ils ne vont pas écrire au tableau (il leur faut des téléphones performants, des machines à la pointe de la technologie, des applications performantes, une connexion internet permanente et meilleure. Ce changement de pédagogie coûte plus cher à la fois aux apprenants et aux enseignants. Au niveau institutionnel, l’Etat à son niveau peut prendre cela en charge de deux façons : en améliorant le pouvoir d’achat des populations afin de limiter l’impact sur l’éducation, en améliorant la rémunération des enseignants. Ce qui, impose inéluctablement une augmentation logique du budget consacré au secteur de l’éducation afin d’amortir les effets du choc. Pédagogie et formation vont de pair, jamais l’un sans l’autre. Si l’un est touché, l’autre ne le sera pas moins. Alors, on se demande, si le premier subit des transformations, qu’en sera-t-il du contenu de la formation ?

Cadre fonctionnel et structurel de l’impact sur la formation

La formation en effet consiste à augmenter le stock de capital humain d’une communauté, or en théorie économique, la valeur se crée sur la base du capital, plus le stock de capital est important, plus la propension à générer la valeur ajoutée est importante. Par exemple, celui qui a un capital d’un milliard a une propension de production plus forte que celui qui a un capital d’un million, et l’arrêt dans la constitution du capital diminue forcément la propension de la société à être productive. Cela dit, l’arrêt de l’activité crée une rupture de confiance avec la clientèle où il faut renégocier le contrat dans la mesure où la reprise ne se fera pas automatiquement, surtout que cette période d’arrêt d’activité risque d’être concomitante à la période de vacances scolaires et universitaires. Si c’est le cas, un arrêt d’activités sur une longue durée est envisageable et il faut préciser que pendant ce temps mort, les institutions d’éducation et de formation seront confrontées à des charges (maintenance, fonctionnement administratif, personnel etc), or actuellement on ne sent pas venir des mesures d’accompagnement, et même si celles-ci arrivent du point de vue de l’Etat, elles ne seront ni dans la capacité ni dans la perspective à couvrir l’ensemble des charges qui auront été générées par la rupture d’activité. Ce qui naturellement signifie dans ce cas, et la probabilité est très forte, que certaines institutions d’éducation et de formation seraient asphyxiées et ne seront pas en mesure de se relever.

Or, la plupart de ces institutions entrent très souvent en campagne dès le mois d’avril pour préparer l’année d’après, il se trouve que ces institutions malheureusement auront de sérieuses difficultés à pouvoir terminer l’année et ne seront pas en mesure de lancer cette campagne, et même si éventuellement elles parvenaient à la lancer, ce sera sans doute avec un passif important, c’est-à-dire une crédibilité faible. Etant donné que ni ces institutions, ni les élèves, étudiants et enseignants pour la grande majorité ne sont dans le e-learning, une rupture de confiance parait donc inévitable, ce qui fait que l’impact sera désastreux et les plus faibles vont avoir la difficulté à survivre.

Les ressources financières et humaines de la formation, à rude épreuve

Comme nous l’avons dit plus haut, la formation consiste en l’accumulation du capital au sein des individus et sa rupture est un fait réel. En regardant l’effectif dans le primaire, le secondaire et l’enseignement supérieur, si l’on fait une hypothèse d’accumulation sur une certaine période, l’on se rendra bien compte que l’Etat est perdant au plan macro et micro économique, et quand l’Etat est perdant  ce sont les individus et la société qui sont perdants. Un tel choc pourrait avoir un effet sur une longue période car un stock de capital raté a toujours un effet sur du long terme.

Par exemple, ce que nous payons aujourd’hui en termes de pauvreté, c’est la conséquence des décisions « hasardeuses »[10] prises dans les années 90, c’est-à-dire la baisse des salaires des fonctionnaires[11]. Or, quel que soit la baisse que vous pouvez avoir au niveau des salaires, vous gardez un effectif élevé qui est sous payé et qui en conséquence sera improductif. Ce qui signifie que le Cameroun (à cette époque) a pris une décision qui est venue amplifier ainsi les effets négatifs de la crise et parmi les conséquences observées aujourd’hui, le pays est doté d’une administration pléthorique avec beaucoup d’éléments incompétents, des ressources humaines qui ont des difficultés à être formées.

A titre d’illustration, aujourd’hui on réussit aux examens officiels avec une moyenne de 6 ou 7 sur 20, tout simplement parce qu’on ne peut plus échouer, car en cas d’échec il y a une accumulation de la population à un niveau et l’Etat n’a pas les capacités à gérer cette accumulation en terme de flux. La conséquence immédiate est qu’on fait passer des gens dont les compétences sont contestables et qui, lorsqu’ils arrivent sur le marché, ne sont pas capables de créer la valeur économique, or, l’Etat n’a pas les moyens de les contenir car ce serait comme si on avait fait un barrage et que l’eau venait à y déborder.

Ce qui aujourd’hui fait que près de 30 ans après, nous avons une administration polluée de ressources humaines aux compétences médiocres, en conséquence vous avez des institutions aux performances discutables. La période de rupture provoquée par le covid-19 pourrait donc impacter durablement sur le capital structurel et fonctionnel de la formation au Cameroun.

Vers un appauvrissement du secteur public ? Le secteur privé, tout droit vers les abîmes ?

Dans le secteur du privé en l’occurrence, étant donné la nature précaire de la relation, il est évident que la propension du privé à payer les enseignants sera faible. Au niveau du public, l’Etat devra payer les enseignants par obligation, mais il va payer des gens qui n’ont rien fait, qui n’ont pas produit du travail, ce qui veut dire que l’Etat va s’appauvrir à double détente : la première détente est qu’il ne constitue pas le capital humain, la deuxième étant qu’il s’appauvrit en se privant de ressources pour les allouer à des postes de travail improductifs, alors même que l’Etat du Cameroun a déjà engagé à ce jour plus de 8,8 milliards de Fcfa[12] pour la riposte du Covid-19.  Une double perte au même moment, c’est-à-dire qu’on se prive d’une ressource d’une part et les personnes censées créer le capital ne le produisent pas d’autre part, ce qui fait deux effets d’amplification parmi tant d’autres.

Impact sur le Budget

La pandémie à Covid-19 pose déjà un sérieux problème à l’exécution du budget global du Cameroun, à travers notamment, l’arrêt forcé d’activités qui, va considérablement impacter sur la collecte des ressources si cela n’en est pas déjà le cas. Par exemple, le baril du pétrole au niveau mondial est passé de 54 et menace de chuter à moins de 30 dollars US[13], or le pétrole représente à peu près 20% de la ressource budgétaire de l’Etat du Cameroun, ce qui signifie automatiquement que le plan d’action 2020 de l’Etat nécessite d’être revu parce que celui en cours a été adopté sur la base de 54 dollars le baril, et maintenant que le baril est en « chute libre », il s’impose donc un effet d’ajustement immédiat.  Or, si des ajustements ne venaient pas à être faits, le budget en cours qui est celui voté en session ordinaire, ne pourra plus par évidence faire face au plan d’action 2020.

Pour tenter d’y remédier, il serait important voire inévitable pour le Cameroun comme pour beaucoup d’autres pays, de retourner à l’assemblée nationale en session extraordinaire pour refaire un projet de performance (plan d’action), lequel devra être accompagné d’un budget ajusté, ce qui nécessite également un coût. Cet ajustement qui est un mal nécessaire, impose inéluctablement une augmentation logique du budget consacré au secteur de l’éducation afin de pouvoir contenir l’impact dans la mesure du possible.

Le cadre social et psychologique en milieu scolaire pourrait faire l’objet d’une méfiance durable qui ne favorise pas l’apprentissage

Le covid 19, d’une manière ou d’une autre, devra engendrer une sorte de méfiance sociale entre acteurs du milieu éducatif. Par exemple, même lorsque retentiront les cloches du retour à l’école, un élève ou un étudiant aura de la difficulté à accepter moralement son camarade comme partenaire de banc pour des raisons liées aux mesures de distanciation sociale progressivement ancrées dans nos habitudes, mais aussi en raison de la peur et du risque élevé de contamination du virus que suscite désormais un individu quelconque. Cependant, il ne faudrait pas essentiellement voir le covid-19 comme une catastrophe ou une quelconque malchance. Il peut aussi servir de vertu.

A partir de quel pilier faut-il agir ?

Une situation de crise rend simplement compte du fait que le mode de vie en cours ne permet pas de résoudre un problème[14]. Cela dit, il faut automatiquement une capacité de réaction  afin de faire évoluer le mode de vie en cours. La difficulté ici se trouve donc dans le point d’inflexion à partir duquel il faut agir. Est-ce qu’il faut agir sur les hommes ? Est-ce qu’il faut agir sur le système ? Ou alors faut-il agir sur les infrastructures ? Bref, où est ce qu’il faut agir ? C’est à ce niveau que la société a des difficultés à s’accorder. Ce qui compte c’est qu’il faut agir et passer d’un mode de vie à un autre. Maintenant, la question qui se pose est de savoir, est ce que c’est les dirigeants qu’il faut changer, est-ce le mode de vie économique qu’il faut modifier, est ce que c’est les habitudes sociales qu’il faut changer ? Autant de questions qui préoccupent, et qui amènent à envisager des pistes de solutions possibles.

Envisager en effet une année blanche au Cameroun ne serait aucunement une solution dans la mesure où celle-ci impacte sur la qualité de la signature de l’Etat. Cas pratique, dans un pays où on ne va pas à l’école, les bailleurs de fonds ne vous feront pas confiance, c’est-à-dire s’il est connu qu’on ne va pas à l’école dans votre pays, personne ne peut vous faire confiance et vous entrerez dans le cycle des Etats incapables[15]. Cette option d’année blanche est et doit rester non envisageable par un Etat comme celui du Cameroun.

Il apparaît ainsi primordial que l’Etat doit au préalable, maîtriser la crise sanitaire qui, paradoxalement est en train d’impacter ou amplifier d’autres crises qui étaient déjà présentes. L’Etat doit prendre des mesures fortes non pas dans une approche sectorielle mais dans une approche globale pour relancer l’économie nationale dans tous ses aspects productifs dont l’éducation. De manière systémique, l’Etat pourrait accompagner les établissements et institutions du privé à juguler les écarts créés par le choc, L’Etat doit renforcer le pouvoir d’achat qui permettra aux populations de payer leurs frais de scolarité et de santé, car si les populations concernées ne sont pas en bonne santé, elles ne pourront pas aller à l’école. Si elles ne peuvent pas payer l’école, elles ne pourront pas non plus aller à l’école. Au regard de la situation encore non maîtrisée, l’on pourrait quand même se demander, si la reprise des classes annoncée par les autorités pour le 1er juin prochain, ne serait pas une « aventure ambigüe »[16].

Le Coronavirus a donné naissance à une crise sociale, économique et morale qui demande une réflexion globale dans les plus grandes largeurs. Il est fort probable que le monde qui reviendra après le virus sera inexorablement et totalement différent, inclusif, plus social et plus solidaire et en même temps plus global, moins obstiné et plus accueillant, poussant les gens à se dépasser, à se réinventer.

Impact sur le fonctionnement et l’organisation de l’école (Cadre optimiste de l’impact ?)

Un grand nombre de pays africains dont le Cameroun n’étant pas encore arrimés aux nouvelles méthodes éducatives prescrites depuis 2001 et orientées sur trois axes à savoir : la validation des acquis professionnels ou de l’expérience, la formation en alternance (une partie de la formation à l’école et une autre en entreprise) et la formation à distance (selon le milieu où se trouve l’apprenant), la pandémie à coronavirus (covid-19) se positionne donc comme une occasion en or, une opportunité qui contraint les Etats qui n’ont plus autre choix que de s’y investir. Mais, il se trouve que la formation en alternance ne pourrait pas beaucoup prospérer à ce niveau dans la mesure où les entreprises sont actuellement sous perfusion. Cette opportunité concernerait beaucoup plus l’axe de la formation à distance, or la difficulté ici est que les différentes entités ne sont pas préparées, notamment les apprenants et les formateurs. Le Covid-19 offre déjà l’opportunité de valoriser les modes alternatifs de formation (à distance et en alternance), qui sont des modes énoncés depuis plusieurs années, mais qui jusque-là ont eu de la difficulté à être implémentés du fait que certains ne s’estiment pas prêts dans la mesure où, enseignants et apprenants entretiennent toujours des rapports difficiles et distants avec la technologie. Cette pandémie serait donc une occasion pour ces Etats comme celui du Cameroun, de rattraper le temps perdu.

Par ailleurs, en écoutant l’artiste auteur compositeur français du nom de Grand Corps Malade dont le dernier chef d’œuvre soulève un ensemble de questionnements,

« Et si ce virus avait beaucoup d’autres vertus que celle de s’attaquer à nos poumons vulnérables, Et si ce virus avait d’autres pouvoirs que celui de s’attaquer à notre respiration[17],

Aujourd’hui, on se découvre soudain, semblables, solidaires, tous dans le même bateau pour affronter le virus, c’était moins le cas pour combattre la misère, la médiocrité, la délinquance en milieu scolaire etc., Et si ce virus avait le don énorme de rappeler ce qui nous est vraiment essentiel ».

Bien avant le corona, l’éducation dans beaucoup de pays à l’instar du Cameroun « suffoquait, elle toussait la saturation, la misère et la négligence, nos dirigeants découvrent qu’il y a lieu d’être inquiets, il est peut-être l’heure de remettre tout à plat », l’on serait tenté de s’interroger également avec  Grand Corps Malade : « Quand ce virus partira comme il est venu, qu’est-ce qu’on aura gagné avec tout ce qu’on a perdu ? » L’éducation dans notre pays ne sera-t-elle plus enfin, ce grand corps à la maladie incurable ?

Conclusion

A l’instar de plusieurs pays à travers la planète, la question de l’avenir de l’éducation au Cameroun est en jeu, dans un monde qui aujourd’hui présente des éléments de ce que sera le monde de demain. Le Coronavirus a étalé des insuffisances même des plus grandes puissances et des dysfonctionnements au sein des appareils dirigeants[18]. Ce qui dans une certaine mesure, contribue à amplifier la crise et à faire prospérer son impact. Notre analyse, dressée à partir d’un cas d’étude précis, a permis d’observer de manière panoramique, les effets actuels et à venir du Covid-19, d’abord sur la pédagogie, ensuite, sur le portefeuille, et enfin sur l’organisation et le fonctionnement de l’école au Cameroun.

Dans l’espoir de pouvoir limiter la « casse », le Cameroun dispose d’atouts techniques non négligeables. Au plan technique justement, le Cameroun dispose sur son territoire, de l’un des meilleurs centres de formation en informatique sur le continent à savoir l’IAI[19] Cameroun (centre d’excellence technologique Paul Biya) qui, conjugue actuellement des efforts importants avec son partenaire portugais PREFLET[20] dans un projet de lutte contre le Covid-19, basé sur la mise sur pied d’une solution numérique de suivi de l’évaluation et d’auto-évaluation des risques de la pandémie[21]. L’Etat du Cameroun pourrait solliciter une expertise conjointe comme celle-là, ou encore la disponibilité des informations formés par l’IAI avec de fortes connaissances en innovation numérique pour, proposer des applications et plateformes disciplinaires en milieu scolaire, visant non seulement à maitriser l’information utile à la vie, mais aussi, à mieux protéger durablement les acteurs du secteur éducatif de la contamination du Covid-19, car il ne peut y avoir école si ceux qui font l’école sont malades.

En outre, le Cameroun pourrait mettre à profit certains acquis internationaux considérables qu’il a enregistrés dans la lutte contre le coronavirus. Le pays a participé le 22 février dernier, à une réunion d’urgence des ministres de la santé de l’Union africaine sur Covid-19 où ils ont convenu d’une stratégie continentale commune et de directives pour l’évaluation, les restrictions de mouvement et la surveillance des personnes à risque[22], le Cameroun a également pris part à deux formations de formateurs pour des participants provenant de 18 pays d’Afrique, organisé par Africa CDC[23] en collaboration avec l’OMS, ainsi qu’à une formation sur la communication des risques[24] organisé du 27 au 29 Février 2020 à Tunis par Africa CDC, destinée à 13 Etats Membres de l’UA[25].

Ces outils internationaux pourraient être mis à contribution pour renforcer la surveillance des infections respiratoires, examiner attentivement tout schéma inhabituel en milieu scolaire, fournir des conseils et tenir des séances d’éducation-sensibilisation pour les apprenants, les enseignants et l’encadrement administratif.

Comme nous l’avons vu dans notre argumentaire, le coronavirus d’une part, offrirait une opportunité aux parties prenantes et donc aux différents acteurs en l’occurrence l’Etat, de se réinventer pour, non seulement corriger les lacunes d’hier, mais aussi et surtout de sortir du cadre des énergies dormantes pour impulser une nouvelle dynamique, insuffler un vent frais, visant à ne pas hypothéquer l’avenir du pays. Car qui dit avenir du pays dit éducation, et qui dit éducation dit fer de lance de la nation c’est-à-dire, la jeunesse.

Conscients de ce que cela ne sera pas suffisant,  il est donc clair d’autre part, que l’onde de choc provoqué par le Covid-19 porterait un coup dur à l’éducation au Cameroun dans ses aspects analysés plus haut. La pandémie apporte déjà des transformations majeures auxquels ni les enseignants ni les apprenants n’étaient préparés, elle laisse entrevoir que l’éducation qui reviendra après le Coronavirus, reviendra sur des béquilles, avec des fissures inévitables. Cette crise pourrait même être le dernier étage pour bon nombre d’institutions dans ce domaine.

Source NKAFU POLICY INSTITUTE

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